vendredi 6 avril 2007

SKY CAPTAIN AND THE WORLD OF TOMORROW

Comme les 300 ou Sin city, Captain sky et le monde de demain fait parti de cette cinématographie dédiée aux super-héros. Pour le bonheur de nos yeux Kerry Conran met en scène Jude Law, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Giovanni Ribisi.

Un univers au design rétro-futuriste, fantastique, glamour, chargé de références littéraires et cinématographiques, dégoulinant d'eau-de-rose. Kerry Conran signe un film d'aventure au design réussi, emprunté des univers de H.G Wells (La guerre des mondes avec les robots du Docteur Totenkopf...), d'Indiana jones (costumes, mise en scène, personnages désinvoltes traversant le monde, nombreux décors, etc.), et encore James Bond (les nombreux gadgets et engins, l'avion de captain sky) ou superman (avec une intrépide-blonde reporter sous les traits de Gwyneth Paltrow). Le tout sur fond d'images aux teintes sépia hyper contrastées.

Mais si la facture visuelle est d'un genre encore nouveau (reprise ensuite par 300 et Sin city), le scénario est des plus simplistes : Un savant fou veut détruire le monde.

New York (rétro-futuriste) à la fin des années 1930. Une armée de robots géants s'abat sur la ville, semant terreur et mort. Animés d'une irrépressible soif de destruction, les mystérieux envahisseurs s'emparent des ressources minérales et énergétiques du globe. Dans le même temps, un à un, les sept plus illustres savants du monde disparaissent. L'intrépide reporter du Chronicle, Polly Perkins (Gwyneth Paltrow) démasque le responsable de cette monstrueuse affaire : le maléfique Dr. Totenkopf (tête de mort en allemand) , qui semble bien décidé à annihiler le monde pour le refaire à son image. Pour sauver la Terre, Polly sollicite le concours de son ex-amant, l'as des pilotes Joe Sullivan, alias Capitaine Sky (Jude Law), aidé par la commandant Franky Cook (Angelina Jolie) et l'ingénieux Dex (Giovanni Ribisi, Mr Q du captain). Un périlleux voyage commence pour nos aventuriers.

On peut repprocher à captain sky la simplicité de son scénario. Il n'en demeure pas moins que celui-ci n'est pas mal ficelé. Il nous faut attendre que les éléments de l'histoire se mettent progressivement en place avant de commencer à comprendre, en meme temps que les personnages, ce qu'il se passe. Si le film manque de profondeur (histoire sans relief, personnages à peine esquissés et caricaturaux), l'aventure s'avère tout de même agréable à suivre.

Le côté kitch des écueils hollywoodiens (eau-de-rose, désinvolture des personnages, happy-end) et l'expérience visuelle qu'offre Captain sky, en font un film attachant. Il nous replonge dans l'univers d'anticipation des années 30.

mardi 3 avril 2007

LES 300

Vu les 300. Esthétique, Théâtral, fantastique, moderne et polémique. Zack Snyder met en images le roman graphique de Frank Miller (Sincity), adaptation romanesque d’un fragment d’histoire antique. Budget : 60 millions de dollars.

480 avant Jésus-Christ. Xerxès, dieu vivant et roi des Perses, lance une grande invasion des territoires grecs pour étendre son empire divin. Lors de la bataille des thermopyles, dans le défilé du même nom (une gorge étroite qui rappelle étrangement le lieu du grand massacre de sin city) Léonidas, roi de Sparte à la tête d’une armée de 300 spartiates, tiendra en échec l’armée de Xerxès pour défendre la liberté et l'indépendance de son peuple.

Esthétique, 300 l’est incontestablement. Le graphisme est magnifique. L’expérience visuelle qu’il nous fait vivre n’est pas sans rappeler celle de sin city. De nombreuses accentuations chromatiques, des noirs intenses, des rouges vifs, du sang numérique à profusion, donnent une impression de surréalisme. Angoissant. Tout dans l’image, des contrastes saisissant aux splendides décors aux teintes sépia, est fait pour nous perdre entre rêve et réalité. Les prises de vues et les mouvements de caméras nous plonge au cœur de l’action, très chorégraphiée. Les plans les plus reculés sont de véritables œuvres d’art. En ce sens 300 est une galerie de tableaux. Zack Snyder réussi à nous plonger entre rêve et réalité, histoire et fiction. La mise en scène, les unités de temps, d’action, de lieu, font de 300 une œuvre très théâtrale.

Leonidas, Roi des Spartiates, au combat

Fantastique, 300 l’est également : l’antique est toujours traversé de magie, d’oracles, peuplés de monstres et de dieux vivants. Une musique heavy métal et de nombreuses métaphores en font également un film moderne, aux thématiques polémiques.

Deux idéologies s'affrontent dans un combat sanglant. 300 c'est l'apologie de la guerre avec rejet de la diplomatie. Cette thématique est d'autant plus délicate qu'elle permet de nombreuses analogies avec l'actualité. Certains préfereront prendre soin de les mettre de côté pour ne regarder que la dimension artistique de l'oeuvre de Snyder. Peut-être ont-ils raison, tant le film est clichés et binaire. D'un côté les gentils (Léonidas et ses hommes), beaux, musclés, défendant une cause noble, de l'autre les méchants Perses avec Xerxès, trans-sexuel dépravé. Il n'en demeure pas moins que 300 est une ode au choc des civilisations, et son histoire en devient très contemporaine.

Xerxès, Roi divin Perse

Polémique, 300 est perçu comme un "camouflet raciste". Les Perses, ancêtres des Iraniens, sont les envahisseurs dépravés. Les peuples du Moyen-orient et du Golfe Persique sont montrés comme des êtres immoraux et sans talent militaire. 300 met en exergue la suprématie de l’Occident civilisé sur l’Orient barbare. Les esprits les plus tordus verront en 300 une métaphore sur le conflit en Irak et la politique américaine vis à vis de l'hégémonie islamiste. D'autant que la diplomatie n'est pas la voie choisie.

300 pose d'autres questions : la place de la femme dans nos sociétés, l'eugénisme et bien d'autres. La reine Gorgo, la femme de Leonidas, joue un rôle primordial. Le roi ne fait rien sans la consulter. C'est elle qui parvient à convaincre Sparte d'envoyer son armée en renfort dans les Thermopyles. Snyder signe donc une ode à la puissance de la femme dans la société quand celle-ci n'a encore aucun droit dans de nombreuses contrées du globe. En fine diplomate Gorgo devient un point central du film. Sans elle, 300 ne se résumerait qu'à une scène de bataille. Snyder, dans la modernité des relations du couple, crée un véritable anachronisme.

La reine Gorgo, femme de Léonidas

La polémique est là, soulevée par les esprits forcément les plus fins, alors que le but du metteur en scène est peut être simplement d'offrir un regard neuf sur le cinéma, divertir. Tout le monde s'accordera pour dire que 300 est une expérience visuelle nouvelle. Et que l'intérêt des polémiques lancées autour d'une oeuvre est de donner envie de la voir.

***