mardi 3 avril 2007

LES 300

Vu les 300. Esthétique, Théâtral, fantastique, moderne et polémique. Zack Snyder met en images le roman graphique de Frank Miller (Sincity), adaptation romanesque d’un fragment d’histoire antique. Budget : 60 millions de dollars.

480 avant Jésus-Christ. Xerxès, dieu vivant et roi des Perses, lance une grande invasion des territoires grecs pour étendre son empire divin. Lors de la bataille des thermopyles, dans le défilé du même nom (une gorge étroite qui rappelle étrangement le lieu du grand massacre de sin city) Léonidas, roi de Sparte à la tête d’une armée de 300 spartiates, tiendra en échec l’armée de Xerxès pour défendre la liberté et l'indépendance de son peuple.

Esthétique, 300 l’est incontestablement. Le graphisme est magnifique. L’expérience visuelle qu’il nous fait vivre n’est pas sans rappeler celle de sin city. De nombreuses accentuations chromatiques, des noirs intenses, des rouges vifs, du sang numérique à profusion, donnent une impression de surréalisme. Angoissant. Tout dans l’image, des contrastes saisissant aux splendides décors aux teintes sépia, est fait pour nous perdre entre rêve et réalité. Les prises de vues et les mouvements de caméras nous plonge au cœur de l’action, très chorégraphiée. Les plans les plus reculés sont de véritables œuvres d’art. En ce sens 300 est une galerie de tableaux. Zack Snyder réussi à nous plonger entre rêve et réalité, histoire et fiction. La mise en scène, les unités de temps, d’action, de lieu, font de 300 une œuvre très théâtrale.

Leonidas, Roi des Spartiates, au combat

Fantastique, 300 l’est également : l’antique est toujours traversé de magie, d’oracles, peuplés de monstres et de dieux vivants. Une musique heavy métal et de nombreuses métaphores en font également un film moderne, aux thématiques polémiques.

Deux idéologies s'affrontent dans un combat sanglant. 300 c'est l'apologie de la guerre avec rejet de la diplomatie. Cette thématique est d'autant plus délicate qu'elle permet de nombreuses analogies avec l'actualité. Certains préfereront prendre soin de les mettre de côté pour ne regarder que la dimension artistique de l'oeuvre de Snyder. Peut-être ont-ils raison, tant le film est clichés et binaire. D'un côté les gentils (Léonidas et ses hommes), beaux, musclés, défendant une cause noble, de l'autre les méchants Perses avec Xerxès, trans-sexuel dépravé. Il n'en demeure pas moins que 300 est une ode au choc des civilisations, et son histoire en devient très contemporaine.

Xerxès, Roi divin Perse

Polémique, 300 est perçu comme un "camouflet raciste". Les Perses, ancêtres des Iraniens, sont les envahisseurs dépravés. Les peuples du Moyen-orient et du Golfe Persique sont montrés comme des êtres immoraux et sans talent militaire. 300 met en exergue la suprématie de l’Occident civilisé sur l’Orient barbare. Les esprits les plus tordus verront en 300 une métaphore sur le conflit en Irak et la politique américaine vis à vis de l'hégémonie islamiste. D'autant que la diplomatie n'est pas la voie choisie.

300 pose d'autres questions : la place de la femme dans nos sociétés, l'eugénisme et bien d'autres. La reine Gorgo, la femme de Leonidas, joue un rôle primordial. Le roi ne fait rien sans la consulter. C'est elle qui parvient à convaincre Sparte d'envoyer son armée en renfort dans les Thermopyles. Snyder signe donc une ode à la puissance de la femme dans la société quand celle-ci n'a encore aucun droit dans de nombreuses contrées du globe. En fine diplomate Gorgo devient un point central du film. Sans elle, 300 ne se résumerait qu'à une scène de bataille. Snyder, dans la modernité des relations du couple, crée un véritable anachronisme.

La reine Gorgo, femme de Léonidas

La polémique est là, soulevée par les esprits forcément les plus fins, alors que le but du metteur en scène est peut être simplement d'offrir un regard neuf sur le cinéma, divertir. Tout le monde s'accordera pour dire que 300 est une expérience visuelle nouvelle. Et que l'intérêt des polémiques lancées autour d'une oeuvre est de donner envie de la voir.

***

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour résoudre une énigme qui n'en paraît sans doute une à personne : la femme de Léo a la parole et devient un personnage ce me semble,non seulement parce qu'il s'agit comme vous le dites d'un film aux enjeux contemporains(mais alors à ce moment là il faut reconnaître aussi que le film peut faire référence à un orient moderne arriéré) mais aussi, et surtout parce qu'elle est belle. Il ne me paraît pas que si sa femme avait eu l'apparence du bossu traître, Léo ni le spectateur ne lui eussent accordé la même importance. Tout cela pour dire qu'il ne s'agit pas nécessairement d'une ode à la puissance de la femme comme vous le dites si joliment , mais d'un cinéaste capable de comprendre la puissance de l'amour mais lucide au point de la réduire à la beauté. car comme le dit Stendhal labeauté c'est la promesse de l'amour. Sur ce je dis n'importe quoi et vous fais mes complimento sur ce blog tenu si impeccablement

Julius a dit…

Effectivement le spectateur n’aurait probablement pas accordé autant d’importance à Gorgo si elle eut été atteinte par je ne sais quel virus à séquelles déformantes. Votre vision est très juste Néodyme.

Un grand merci pour vos compliments. Je suis un grand admirateur de votre plume et j'apprécie vos idées.

Neodyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Neodyme a dit…

Quel toupet cher Jules de m'attribuer la paternité de cet écrit qui je vous le rappelle est signé du pseudonyme "une fan des blogs".
Cela dit, je reconnais que cette fan est extrêmement douée, et sa plume, racée.

Julius a dit…

Effectivement Néodyme, je suis désolé de n'avoir pas vu que ce n'était pas vous. Je n'ai nullement prêté attention à la signature de ce message, et y ai vu de ce fait votre prose sans me poser de question.

Mais qui est cette fan des blogs si ce n'est pas vous ?

Toutes mes excuses à ce petit monde.

Anonyme a dit…

Hey, I am checking this blog using the phone and this appears to be kind of odd. Thought you'd wish to know. This is a great write-up nevertheless, did not mess that up.

- David